Santa Scorese:
une vie intense donnée à Dieu
par l’entremise de Marie

Egidio Ridolfo s.j.
[Traduction par Antonella Nappo]


Une recherche passionnée -- Influences spirituelles -- Progressive disponibilité au projet de Dieu
Le martyre, le dénouement d’une intense vie spirituelle -- Lumière d’Espérance

Une recherche passionnée

Santa Scorese, une fille comme les autres; elle s’était engagée à fond dans quelques mouvements catholiques, mais avec une anxiété de rechercher la "Vérité" hors du commun. Elle désirait connaître les "raisons de notre foi" mais aussi la vérité "sur soi-même" ; elle avait une anxiété de recherche renforcée par la progressive conviction d’être l’objet d’une particulière attention - "vocation" – de la part de Dieu.

Cette conviction l’effrayait et l’attirait irrésistiblement en même temps, exactement comme il est arrivé à beaucoup de Saints et personnes qu’ont commencé à "découvrir" la présence de Dieu au plus profond de l’âme.

Santa Scorese se lassa envelopper
de l’amour de Dieu...
[Christ Pantokrator - Dôme de Monreale, Palerme]

Santa combattit une "lutte intérieure" avec phases alternées de sérénité et douceur, aridité, désolation et rébellion, questions, progressives conquêtes et prises de conscience. Sa lutte devint de plus en plus serrée et entraîna la joie et la gratitude croissante envers Dieu, qui nous aime sans réserve: un enthousiasme qu’éclate spontanément comme dans le Magnificat de Marie: "Le Tout-puissant a fait choses très grandes en moi-même : que son nom soit sanctifié! ..."

Le 30 décembre 1988, Santa Scorese écrit: "Mon Dieu, je suis devant toi, à ta puissance et à ton immense amour. Merci! [...]
Tu m’as appelée et j’ai répondu et maintenant je vois les grandes choses que tu as faites et que tu fais en moi-même tous les jours. Peu à peu tu es en train de gagner le plus profond de mon âme aride qui t’appelle pour revenir à la vie. [...]
Donne-moi la capacité d’aimer, d’avoir toujours un cœur ouvert pour être une bonne chrétienne pour toi et pour le monde entier.
En revoyant tous les choses tu as fait en moi-même, laisse-moi chanter mon Magnificat et avec Marie donne-moi la possibilité de m’acheminer en la route qui mène à la vie infinie!"
(1).

Par ailleurs Dieu, - qui "propose" et prend l'initiative (c’est le sens général du mot "vocation") – lorsqu’il trouve une sincère disponibilité en nos cœurs il vient à la rencontre de nous pour nous joindre à Lui de plus en plus intimement, comme il est écrit dans l’Ecriture à propos de la Sagesse qu’est "facilement contemplée par ceux qui l'aiment, et trouvée par ceux qui la recherchent." Et ajoute que ceux qui la désirent de tout son cœur "la trouveront assise sur le seuil! " (Sap. 6, 12-14).

A vrai dire Dieu, comme Santa Scorese a écrit beaucoup de fois dans les pages de son Journal et dans la belle poésie-prière "Vorrei avere le ali di un'aquila..." (2), peu à peu lui montra les horizons les plus vastes, et elle s’ouvrit généreusement à Son œuvre. Dieu la "provoquait" et l’imposait des choix concrètes – petites et grandes – dans la vie de tous les jours : c’est pourquoi elle sentait un croissant désir d’intéresser les autres dans l’Amour de Dieu.

Nous savons que l’Amour veut se répandre et communiquer: même la création de l'univers et de toutes les personnes peut être expliquer avec cette raison. Jésus - le plus grand "Artiste des âmes" - a favorisé sa maturation humaine et spirituelle par l'entremise de personnes et mouvements qui lui donnèrent les stimulants les plus appropriés au moyen d’initiatives concrètes et communautaires de charité chrétienne et d’évangélisation.

Influences spirituelles

Le mouvement des Focolari de Chiara Lubich et les "Missionnaires de l’Immaculée - Père Kolbe" influencèrent profondément Santa Scorese comme il est évident des pages de son Journal. Carmencita Picaro, auteur de la biographie de Santa, fait encore partie du mouvement des "Missionnaires" et sa biographie c’est vraiment croyable parce qu’elle fut la meilleure amie de Santa.

Santa Scorese (à droite)
avec ses parents et sa sœur Rosamaria

En ce qui concerne l’apport reçu du mouvement de Chiara Lubich, il faut remarquer que le nom de Chiara est cité beaucoup de fois dans son Journal. La même chose est valable pour plusieurs mots caractéristiques du mouvement des Focolari fondé par Chiara. Il y a beaucoup d’expressions et "mots-clé" – suivant abrégés selon la tradition du mouvement - comme: "Gesù in mezzo" (G.I.M.) [Jésus entre nous], "Ideale" [Idéal], "Gesù abbandonato" (G.A.) [Jésus abandonné] , "unità" [unité] et ainsi de suite.

Deux exemples: "J’ai vu la souffrance du monde, mais il a été l'occasion pour me sentir une d’entre eux, exactement comme disait Chiara…" (11 mars 1987).
"Chiara dit que lorsque nous nous trompons c’est vraiment inutile pleurer sur son sort : nous devons recommencer à aimer tout de suite. […] C’est une période pleine de souffrances et anxiétés et à fois je me sens vraiment abandonnée, mais je tâche de reconnaître G.A. et de l’aimer jusqu’au bout même s’il est un peu difficile" (2 juin 1987).

Les groups "Gen" (Neuve Génération) sont très importants dans le mouvement des Focolari. Ils s’adressent aux jeunes. Santa Scorese fréquentait le group Gen de sa ville et faisait partie du group musical "Gen 2"grâce à ses qualités vocales. Le 15 juillet 1987 elle écrit:

"Je compte sur l'unité de toutes les Gen: la chose plus importante est maintenir G.I.M [Jésus entre nous]. A vrai dire je meurs d’impatiente de les revoir pour recréer cette unité très forte qu’il y a entre nous."

Une autre influence très importante dans la vie spirituelle de Santa Scorese fut exercée par les "Missionnaires de l'Immaculée-Père Kolbe", un mouvement fondé par Père Luigi Faccenda. Son influence devint de plus en plus décisive avec le temps. Bien souvent Santa allait de Palo del Colle, près de Bari, où sa famille s’était établie, à Borgonuovo di Pontecchio Marconi, près de Bologne pour passer ses périodes de retraite spirituelle dans le siège central des Missionnaires.

La spiritualité mariale si forte, commune aux deux mouvements, a envahi tout ce chemin. Santa subit fortement le charme du grand Saint qu’a inspiré les "Missionnaires de l'Immaculée": Saint Massimiliano Maria Kolbe. La Sainte Vierge lui donna (nous nous referons à un célèbre épisode de la vie de Kolbe) la consécration virginale et le témoignage du martyre.

La charité dicta son martyre: une lumière du Ciel dans la misère de la méchanceté humaine planifiée des camps d’extermination, comme Auschwitz où Père Kolbe offrit sa vie pour sauver un pauvre père de famille. Il savait très bien les conséquences de ce geste mais il avait la certitude que Dieu lui donnerait la force pour témoigner sa Foi et exercer sa charité jusqu’à son dernier soupir.

Ci-après nous avons les mots de Père Kolbe à propos du rôle et des intentions de Marie envers toutes les créatures de Dieu: "L'Immaculée désire étendre à l’humanité entière les fruits de la rédemption opérée par son Fils. [...] Le seul désir de l'Immaculée est élever le niveau de notre vie spirituelle jusqu’aux plus hauts sommets de la sainteté" (3).

Dieu aime se montrer comme Seigneur de la Vie même - et de préférence – dans les situations les plus désolées et répugnants. Kolbe offrit sa vie en 1941, et l'année suivante, le 9 août 1942, Edith Stein montra un autre grand miracle divin: Jean Paul II la définit "Juive, philosophe, carmélite, martyre", et elle a été canonisée récemment.

Santa Scorese s’identifia progressivement avec Marie,
grâce à sa disponibilité au projet
de Dieu sur elle...

Progressive disponibilité au projet de Dieu

Nous avons déjà dit que Dieu a favorisé le discernement de Santa Scorese même grâce au voisinage affectueux et fort de son père spiritual, Père Luigi Faccenda, et de beaucoup de "Missionnaires de l'Immaculée - P.Kolbe". En particulier, il y avait une fille qui Santa considérait un grand cadeau du Ciel : Carmencita Picaro. Les deux filles étaient en harmonie et Santa se sentait rassérénée : Carmencita lui donnait beaucoup de stimulants pour aller de l’avant en disant "Oui" à Dieu de plus en plus généreusement.

Beaucoup de fois Santa a remercié Dieu pour cette amitié. Elle ouvrait son cœur à Carmencita très souvent, en particulier lorsqu’elle traversait une crise mais aussi lorsqu’elle sentait la joie d’avoir découvert la grandeur de l’amour de Dieu et Marie pour elle.

Carmencita Picaro, avec les prêtres qui la guidaient spirituellement, a contribué certainement à l’accroissement de la confiance de Santa Scorese en Dieu et ses oeuvres, à imitation de la disponibilité de Marie: "Me voilà, je suis la servante de Dieu : que ta volonté soit faite" (Lc 1, 38).

Une chose très difficile parce que Santa avait tous les limites et les faiblesses typiques de beaucoup de jeunes d’aujourd’hui: le risque de la désorientation, le conditionnement exercé par la forte pression des médias et des ses modèles "faux et mensongers", fondés sur l'apparence qui provoquent très souvent des exaltations futiles et dépressions successives… la difficulté à prendre les décisions plus importantes et décisives – même si l’extrémisme est une caractéristique de l'âme juvénile – les relations difficiles avec les personnes du même âge et ainsi de suite…

Carmencita Picaro, après la mort tragique de Santa, de son martyre pour défendre sa dignité de femme et chrétienne, a écrit sa biographie. Le 6 février 1988, Santa écrit dans son Journal à propos de Carmencita et de son importance pour sa maturation humaine et spirituelle :

"Après le déjeuner j’ai parlé avec Carmencita pour compléter ce qui j’avais commencé à dire à notre père spirituel. Quand nous parlons il y a toujours une harmonie très profonde entre nos âmes et je sens que nous parlions parce que nous nous aimons, et nous cherchons toujours à nous aider, mais surtout parce que nous voulons la même chose: Dieu. Il est la seule chose importante et nous désirons parvenir jusqu’à Lui."

"Je sais que je suis très jeune et si humaine...
mais je sais aussi que Dieu choisit les plus faibles,
les plus petits : c’est pourquoi il a choisi moi..."
(Santa Scorese: 21 mars 1988)
Photo: Ernesto Santucci s.j.

Santa Scorese, comme la "petite-grande" Sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897), disait que son vrai "Directeur Spirituel" était Jésus: ses rencontres- entretiens avec Jésus Eucharistie furent très importants, et chaque fois elle se nourrit abondamment de la Parole de Dieu révélée dans l’Ecriture.

Le Prof. Giuseppe Micunco, éditeur de ses écrits spirituels, a justement relevé que chaque page de son Journal est pleine de citations - directes ou indirectes - à passages précises de l’Ecriture, du Nouveau et Ancien Testament. Il y a des références continues et spontanées, une preuve très évidente de la grande familiarité de Santa Scorese avec le Livre Saint dans lequel Dieu se révèle à elle comme Père, Amour, Rédempteur et Ami.

Cette familiarité avec la Parole de Dieu est un élément fondamental qu’explique l'intensité de sa vie chrétienne, et nous reporte aux célèbres pages de l’"Histoire d’une âme" de Thérèse de Lisieux. La force de la Parole de Dieu et son caractère ouvert furent un continu témoignage de son christianisme, en toutes les occasions, même quand elle savait de s’exposer aux critiques et préjudices de beaucoup de personnes.

Les écrits de Santa Scorese, son Journal, les "poésies-prière", nous permettent une connaissance approfondie de sa vie humaine et spirituelle. Nous sommes d’accord avec le Postulateur de la Cause de Béatification de Santa, l’Abbé Vito Bitetto, quand il termine sa communication concernant l’ouverture du procès canonique à Rome après la clôture de la phase diocésaine.

Il souhaite que Dieu, en permettant la béatification de cette fille, puisse éclairer et aider "ceux qui désirent avancer dans l’engagement intérieur et ecclésial, non seulement les consacrés, ou les prêtres, mais aussi les fidèles laïques, en particulier les jeunes et les éducateurs, qui pourront voir un modèle extraordinaire et fascinant dans la consécration de cette fille à l'amour de Dieu. Nous espérons que la vie de Santa, donnée pour amour de Dieu, peut être le germe d’une nouvelle sainteté." (4).

Le martyre, le dénouement d’une intense vie spirituelle

Très souvent la tragique mort de Santa Scorese a été spontanément comparée à la mort de Sainte Maria Goretti: la "fleur dans le marais" des désolés marais pontins. Cette année on célébrera le centenaire du martyre de Maria Goretti: 6 juillet 1902-2002, et cette occasion a attiré l’attention sur sa figure, bien souvent sous-évaluée ou diminuée avec la phrase malheureuse "Sainte pour cinq minutes..."

Nous savons que les choses sont très différents, et que le martyre de Maria Goretti a été le geste suprême d’une vie qu’était - malgré le jeune âge - déjà imprégnée de Christ, d’une confiance totale en Lui et en la Vierge Marie.

Les contextes familiers, culturaux et religieux sont très divers, beaucoup d’années sont passées, mais nous pouvons déclarer que le martyre de Santa Scorese, la violente et mortelle agression du 15 mars 1991, a été le dernier geste d’une jeune vie déjà pleinement donnée à Dieu et à Marie.

"Aimer c'est tout donner et se donner soi-même", écrivait Sainte Thérèse de Lisieux. C’est possible parce qu’il est un mouvement spontané de l'âme, lorsque nous nous rendons compte de la grandeur de l’amour de Dieu pour tout le monde.

"J’ai compris une chose: Dieu est vraiment la seule inébranlable certitude de notre vie. Je sens que, malgré la confusion que j’ai en moi-même, sa présence me donne tranquillité et confiance, une confiance que je ne suis pas seule, que de toute façon Il m’aime, malgré mes limites, et je sens aussi la nécessité de Lui choisir tous les jours parce qu’Il est la chose plus importante pour moi, pour laquelle vaut la peine de lutter, souffrir et mourir."
(Du Journal de Santa Scorese: 17 novembre 1987)

C’est là l’expérience de Santa Scorese. Elle éprouva stupeur et gratitude ; son chemin fut plein de luttes intérieures, hauts et bas, élans totalisants en réponse – comme petite créature - au Créateur. Beaucoup de fois elle s’adressa à l'Immaculée, pour demander son entremise afin que Dieu lui donnât la force pour dépasser ses "limites", pour convaincre ses parents de la laisser partir, pour savoir quel était le gendre d’études universitaires les plus indiqués pour elle, dans une anxiété de se donner aux autres comme s’elle sût de n’avoir pas beaucoup de temps...

Elle demanda à Dieu - et obtint - la force pour aller de l’avant même quand un jeune homme commença sa diabolique persécution ; il la considérait un simple "objet à consommer", une proie à capturer à tout prix, et qui la tua pendant la violente agression du 15 mars 1991...

Une attitude très fréquente dans les faits divers d’aujourd’hui. Santa Scorese – qui nous voulons béatifier au plus vite – représente l’affranchissement pour beaucoup de femmes qui sont mortifiées sans scrupules tous les jours, en manières subtiles et raffinées ou plus vulgaires... Dignité de créatures et filles de Dieu, fondée - comme pour tous les êtres humains – sur la certitude que le Tout-Puissant nous a créés "à son image".

C’est le sens de la phrase de Carmencita Picaro qui termine le chapitre dédié à l’agression de Santa, le 15 mars 1991 :

"Le petit livre de la vie de Santa, avec cette dernière feuille, se termina. Elle était une jeune fille qui comme les autres, pendant ces années, éprouvait les blessures d’une société inquiète sur son corps : une société souffrante, avide de choses et non pas de vie, de sexe et non pas d’amour, de grossièreté et non pas de Dieu!" (5)

Lumière d’Espérance

La Foi s’ouvre à l’Espérance, fondée sur la Résurrection de Jésus notre Rédempteur mais aussi notre grand Ami. Santa Scorese a désormais obtenu le comble de sa vie si désiré et tenacement recherché pendant son pèlerinage d’ici-bas. Maintenant elle est dans le Ciel, avec Dieu et l'Immaculée pour l’éternité, et peut exercer plus encore généreusement sa Charité envers nous. Elle est pour l’Eglise la "Servante de Dieu"  et nous pouvons l’invoquer pour nos nécessités temporelles et spirituelles.

Si la vie de Santa Scorese a connu, comme nous savons, même les périodes difficiles, c’est déjà possible constater comme Dieu par son entremise est en train d’opérer beaucoup de miracles de grâce en plusieurs âmes qui luttent pour la vérité. Il est en train de valoriser ce qui l’inspirait dans son Journal, quand se sentait entourée de beaucoup de difficultés ou exprimait sa joie d’être aimée par Lui.

Il y a une phrase dans le Journal particulièrement profonde et inspirée : c’est le 21 février 1990, une année avant sa mort. Nous remercions Santa pour ces paroles:

"Je sais que Dieu est en train d’écrire mon histoire malgré moi et, même si j’oppose une résistance tenace, il arrivera à l’achever. Maintenant je sais aussi que dans la douleur et l’obscurité je peux chanter pour Lui, avec Marie, mon "Magnificat" pour toutes les choses qu’il a faites et fera en moi-même.
Je me rends compte que, sans l’entremise de l'Immaculée, je n’aurais pas compris la grandeur de Dieu et sa toute-puissance!"

Notes:
1. "L'attirerò a me", Scritti spirituali di Santa Scorese, Serva di Dio, par le Prof.Giuseppe Micunco, Editions San Martino et Stilo Editions, Bari, 2000, pages 144-145.
2. "Vorrei avere le ali di un'aquila", écrite par Santa Scorese le 3 août 1989 et disponible (en italien) dans ce site. Texte tiré de la biographie de Santa Scorese écrite par Carmencita Picaro: "Anche sul mare volano le aquile", Editions Missionnaires de l'Immaculée - Père Kolbe, Bologne 1999, pages 41-42.
3. "Anche sul mare volano le aquile", œuvre citée., p.62.
4. "L'attirerò a me", œuvre citée., p.8.
5. "Anche sul mare volano le aquile", œuvre citée, p.13.


E-mail: gesunuovo@yahoo.it

Home Page
Santa Scorese

Home Page
"Orizzonti dello Spirito"